Le texte que vous allez lire est un texte écrit en plusieurs périodes, il s’agit d’une présentation de ma série photographique "14-36" ayant débuté en 2018 puis achevé en septembre 2021.

Pour cette série, je me suis orienté vers une autre approche de la photographie. Après avoir un peu exploré ce qui m’intéressait dans ce média artistique, j’ai décidé de marquer une pause dans le réel et de prendre le temps de voyager dans le fictif. Je parcours l’univers virtuel avec le même regard et la même sensibilité que j’accorde aux espaces réels, c'est-à-dire sur le choix du cadrage, le choix de la lumière et de la couleur, les conditions météorologiques... 

Dans cette série, le jeu en question (GTA San Andreas) possède un climat semblable à celui de la Californie. J’aime l’esthétique de ce jeu car bien qu’il soit sorti en 2004, la représentation visuelle reste très fidèle à notre monde. Certains aspects du jeu me font penser à la photographie de Wim Wenders, de Michael Wolf ou encore celle de Todd Hido. 

Dans ce jeu, le personnage a la possibilité de se munir d’un appareil photo et de photographier son environnement. 

Dans cette série, je dissocie l’apparence du jeu de la mauvaise réputation qu’il a pu avoir le jour de sa sortie en 2004, due à la polémique autour de la violence, du sexe et des autres possibilités offertes au joueur (le jeu est de base un jeu action/aventure de tir à la troisième personne). 

J’essaye d’apporter une vision plus neutre, plus noble, plus poétique en m’éloignant de son contenu explicite... 

«14-36» est le nombre de clichés que le personnage peut prendre dans le jeu. Le principe fonctionne de la même manière que pour les armes. 

Sur l’écran du jeu on voit apparaître l’icône de notre arme avec le nombre de munitions, avec l’appareil-photo du jeu, c’est la même chose, on «tire/shoot» et on «recharge». 

Cette série est constituée de 300 photographies. Il y a 3 volumes, chaque volume est composé de 100 photographies prises dans le jeu. 

Sachant qu’il s’agit de là d’un «autre monde», le temps passé dans le jeu passe plus vite que dans le réel, les heures sont remplacées par des minutes (24 min égalent une journée dans le jeu). Dans notre monde, 24h représentent donc 69 jours passés dans le jeu, 1 semaine entière dans le réel représente 1 an et demi. 

300 est le nombre de photographies rapporté au temps du jeu. Ce grand nombre s’explique par la conversion du temps entre le réel et l'irréel et par un choix personnel sur le nombre de photographies marquant ainsi une limite au projet. 

Un photographe passionné passe beaucoup de temps à photographier selon ses envies, à une période de sa pratique il finit par détenir une grande quantité de photographies. 

En six années de pratique, je n’ai pas atteint un nombre supérieur à 300 (du moins parmi les photographies que j’ai retenues). Avec cette notion du temps marquant un contraste entre le réel et l'irréel, je me suis projeté dans la peau du personnage en me disant “si j’avais été dans le réel, combien de photographies retenues aurais-je pu conserver tout au long de ma vie ?” 

Peut-être que ce nombre 300 sera atteint en 2060, nous verrons d’ici là...

J’ai commencé à travailler sur cette série à partir de 2018. 

En 2020, lors de la réalisation du premier et du second volume, le confinement m’avait permis de voyager virtuellement étant donné que le gouvernement avait imposé des mesures strictes de déplacement face à la propagation du Covid-19. 

Les deux volumes avaient été édités en septembre 2020, il ne me restait plus qu’à continuer à travailler sur le dernier volume.

De septembre 2020 à aujourd’hui (septembre 2021), j'ai continué à explorer ce monde virtuel. Aujourd’hui, je suis fier d'annoncer que celui-ci est terminé.”

Au moment où je suis en train de finaliser le texte pour le troisième volume, j’avais comme intention de prolonger cette série avec le précédent opus “Vice City” mais malheureusement l’appareil photo du jeu est non exploitable. Quelques fois, avec certaines idées irréalisables, je me dis que ça aurait été extra si ma vie avait été dédoublée. Pour que je puisse être à la fois présent dans le réel et continuer à photographier les détails sublimes et subtiles de notre monde, et à la fois et à la fois être enfermé dans le jeu à la manière de TRON, pour que je puisse survoler Los Santos, San Fierro et Las Venturas en jet pack et photographier dans tous les sens.

Un fantasme bizarre certes...

Une musique de fin comme conclusion et pour vous accompagner dans la lecture de cette série :

America - A Horse with no name

14-36